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Conseil de l’Europe 22 juin 2015 : Yamina Benguigui


L'ancienne Ministre de la francophonie, Yamina Benguigui, a présenté le Forum Mondial des Femmes Francophones le 22 juin dernier à la conférence plénière des ONG du Conseil de l'Europe. Elle a demandé à ce que l'Europe plaide en faveur de la scolarisation obligatoire des filles jusqu'à l’âge de 16 ans au sein de l'espace francophone. À cette occasion, l’ancienne Ministre a rappelé que les droits des femmes régressaient dans l'espace francophone, lequel compte 77 pays et 220 millions de locuteurs. Des disparités existent également entre les pays membres de l’Union européenne. Certaines femmes subissent quotidiennement des exactions et des violences de toutes sortes, n’ont aucune protection juridique ou sanitaire, sont exclues des systèmes scolaires. Lors des conflits armés, les femmes sont devenues des « butins de guerre ». Quant survient une crise politique, elles sont les premières victimes des pressions exercées sur leurs droits au nom de la religion.

Yamina Benguigui a rappelé devant la commission Éducation, culture du Conseil de l’Europe que « le statut des femmes est le baromètre incontournable de l’état d’évolution des sociétés ». Bien que de nombreux États francophones tentent de placer la condition des femmes au cœur de leurs politiques publiques dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la santé, les actes restent souvent trop éloignés des intentions. « Car si les hommes et les femmes ont des droits, c’est l’application du droit des femmes qui pose problème. »

C’est de ce constat qu’est né en mars 2013 le Forum Mondial des Femmes Francophones, avec le soutien du Président François Hollande. La troisième édition de ce forum, qui est le lieu d’une parole libre entre la société civile, les États et les instances internationales, aura lieu à Brazzaville en 2016. Le but sera de remettre au cœur des débats l’importance de la scolarisation obligatoire des filles jusqu’à l’âge de seize ans. « Parce qu’une fille scolarisée, éduquée, peut décider de ne pas perpétuer les traditions qui l’inféodent, comme l’excision ou le mariage forcé. Parce qu’une fille scolarisée, éduquée, transmettra à ses enfants l’accès au savoir et à la connaissance. La scolarisation des jeunes filles est le seul moyen de compenser les effets de longue durée causés par les inégalités séculaires entre les femmes et les hommes, pour aller au-delà de l’égalité juridique formelle et permettre aux femmes d’accéder à une égalité réelle : l’égalité de faits est aussi fondamentale que l’égalité de droits. L’accès au savoir est le pilier fondateur du changement du statut des femmes. »

C’est dans ce contexte que le Président Sassou Nguesso accueillera le prochain Forum Mondial des Femmes Francophones. Il s’y exprimera sur la tradition du veuvage, qui laisse les veuves sans ressources et sous la coupe de la famille du défunt. Le Protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique traite en son article 20 des droits de la veuve :

« Les États prennent les mesures légales appropriées pour s’assurer que la veuve jouisse de tous les droits humains, par la mise en œuvre des dispositions suivantes :

a) la veuve n’est soumise à aucun traitement inhumain, humiliant ou dégradant ;

b) après le décès du mari, la veuve devient d’office la tutrice de ses enfants, sauf si cela est contraire aux intérêts et au bien-être de ces derniers ;

c) la veuve a le droit de se remarier à l’homme de son choix. »

On estime qu’il y a 245 millions de veuves dans le monde, dont 115 millions vivent dans une extrême pauvreté. Elles sont susceptibles de souffrir des maux suivants : pauvreté, humiliation, accusation de sorcellerie ou d’adultère, violence, vol, ostracisme, privation de logement, déni du droit de succession… Dans un message du 23 juin 2015, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a dit l’inquiétude que lui inspire leur situation : « Nous devons éliminer la stigmatisation sociale et les privations économiques que subissent les veuves, combattre les risques élevés d’exploitation et d’agression sexuelles auxquels elles sont exposées et lever les obstacles qui les empêchent d’accéder aux ressources et aux débouchés économiques et entravent leur avenir. »

La Journée internationale des veuves a été instituée en 2010 par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Coparrainée par 56 États et portée par le Gabon, cette résolution a été largement soutenue par les membres du groupe africain.

Accueillir le prochain Forum Mondial des Femmes Francophones sera pour le Président Sassou Nguesso un moyen de mettre au cœur de sa politique la question de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes au Congo.

Yamina Benguigui sera par ailleurs à nouveau entendue par le Conseil de l’Europe sur la question des mutilations sexuelles afin qu’une résolution soit ratifiée par les 46 pays membres de cette organisation.

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